Assurance emprunteur : une vague de résiliations en approche

A compter du 1er janvier 2018, le marché de l’assurance-emprunteur sera ouvert à la résiliation. Le cabinet d’étude McKinsey avance le chiffre de 1,4 milliard de prime qui devrait alors subir un transfert.

D’ici moins d’un an, vous allez pouvoir, chaque année, changer l’assurance de votre crédit immobilier. Des sommes d’argent importantes devraient alors transiter d’un assureur à un autre.

Enfin !

Après de nombreux échanges entre les parlementaires à faire pâlir les finalistes de Roland-Garros, la loi autorisant la résiliation annuelle de l’assurance emprunteur a été adoptée. Les rebondissements ont été multiples, et on a même cru à une annulation pure et simple après la censure de cette loi par le Conseil constitutionnel.

Les sages reprochaient à cette dernière, incorporée dans la loi Sapin 2, de n’avoir aucun rapport avec celle-ci. Mais, après un nouvel examen de la part de l’Assemblée Nationale et du Sénat, la possibilité de changer d’assurance emprunteur a été validée et entrera en vigueur le 1er janvier 2018.

Les premiers effets ne tarderont pas

Les estimations du cabinet d’étude McKinsey sont sans appel, entre 600 millions et 1,4 milliard d’euros de primes changeront potentiellement d’assureur. Le quasi-monopole des banques sur l’assurance emprunteur touche donc à sa fin. A ce jour, 85% des ménages souscrivaient leur prêt et leur assurance emprunteur chez le même prestataire.

Fintech et autre courtier se bousculent d’ores et déjà au portillon pour récupérer le magot. D’après les experts du domaine, entre 15 et 35% des contrats devraient être renégociés ou délégués. Sandra Sancier-Sultan, directrice associée senior chez McKinsey, commente ces estimations : « Ce sont des hypothèses de travail qui indiquent le potentiel pouvant être capturé par les acteurs qui souhaitent entrer sur le marché de l’assurance emprunteur ou qui y sont déjà ».

Les banques sur la défensive

Les banquiers s’inquiètent du manque à gagner qui se profile à l’horizon. « Dans une stratégie défensive, les banques peuvent actionner plusieurs leviers. Certaines ont déjà lancé des offres individuelles à côté de leurs contrats groupes. Plusieurs d’entre elles sont en train d’introduire des éléments nouveaux dans leur tarification, par exemple en rebasculant leurs contrats sur du capital restant dû comme les offres alternatives des assureurs » explique la directrice associée senior de McKinsey.

Mais une chose est sûre, cette résiliation devrait aller dans le sens des clients. Pour Sandra Sancier-Sultant, il n’en fait aucun doute : « Il va y avoir un accroissement de la concurrence sur les clients à bons profils, et donc une plus grande segmentation des offres. Il y a eu un début de baisse des prix depuis deux, trois ans qui pourrait s’accélérer pour certains profils de clients. »

Une bonne nouvelle donc pour les ménages français qui voient là une bonne opportunité d’économiser et de soulager leurs fins de mois.