Propriétaires : le droit de rétractation du mandat de vente

La vente d’un bien immobilier peut parfois s’avérer longue et compliquée pour un propriétaire. En France, 65% des ventes immobilières ont fait l’objet de l’intervention d’un professionnel de la vente. Pourtant, ces professionnels prennent une commission importante sur le fruit de la vente d’un immeuble et parfois le propriétaire finit par trouver, de lui-même, le nouvel acquéreur de son bien.

En 2014, la loi Hamon sur la protection des consommateurs et la loi Alur ont permis d’encadrer le mandat accordé par les propriétaires à des professionnels concernant la vente de leurs biens immobiliers. La loi Hamon est venue mettre en place un droit de résiliation de ce mandat lorsque celui-ci a été obtenu par le biais d’un démarchage à domicile. Explications.

Un droit de résiliation de 14 jours après signature du mandat

Celui qui accepte de confier la vente de son immeuble à un agent immobilier qui a procédé à un démarchage à domicile peut, sans pénalité ni frais, annuler le mandat accordé pendant un délai de 14 jours calendaires. La mise en place de ce délai de rétractation permet au propriétaire consommateur de prendre le temps de la réflexion sur l’étendue du mandat et de pouvoir renoncer au mandat en le signalant tout simplement à l’agent immobilier par lettre recommandée avec accusé de réception.

Ainsi, depuis le 14 juin 2014, le mandat doit contenir des mentions obligatoires concernant le droit de rétractation ainsi qu’un coupon de rétractation à joindre lors de l’exercice de ce droit. Le non-respect de ces règles est puni de 15 000 euros pour l’agent personne physique et 75 000 euros pour un professionnel personne morale.

Cependant l’article L.221-28 du Code de la Consommation prévoit que ce droit de rétractation de 14 jours ne peut être exercé pour les contrats de fournitures de services pleinement exécutés avant la fin du délai de rétractation et dont l’exécution a commencé après accord exprès du consommateur. Ainsi, si l’agent immobilier a déjà commencé à faire visiter le bien avec l’autorisation du propriétaire ou a déjà eu des propositions d’achats dans le délai de 14 jours, le propriétaire ne peut plus renoncer au mandat accordé.

Un droit de rétractation restreint dans les faits

Cependant, il faut également prendre en compte les limites de cette loi. Le droit de résiliation dans les 14 jours du mandat accordé à l’agent immobilier ne concerne que les mandats obtenus dans le cadre d’un démarchage à domicile (contrats hors établissement). Ainsi, si vous, propriétaire vous êtes rendu dans une agence immobilière pour y mettre en vente l’un de vos biens, vous ne pourrez pas invoquer ce droit pour revenir sur votre engagement.

Pourtant, dans les faits, il est rare qu’un contrat soit signé directement le jour du démarchage. En pratique, il faut un délai de deux à trois jours pour que soit établi le contrat et présenté au consommateur. De plus, l’agent n’est rémunéré qu’à la vente du bien.

Une autre question s’est posée : le consommateur n’est-il réellement pas conscient de l’étendue de son engagement lorsqu’il a déjà mis en place un mandat de ce type envers un autre agent immobilier ? Dans ce cas, le second agent doit-il respecté le droit de rétractation ? Tant de questions auxquelles la loi n’a pas encore apporté de réponses.

En attendant, tout consommateur vendeur d’immeuble accordant un mandat à un professionnel hors établissement doit savoir qu’il dispose d’un délai de réflexion de 14 jours pour se rétracter.